Dans les pays ensoleillés, le coût de l’électricité photovoltaïque a diminué de plus de 75 %. Le solaire est devenu compétitif, et cela n’est pas près de changer.

Les évolutions réglementaires affectant le secteur énergétique font les gros titres : projet de loi sur la transition énergétique, remise en question du nucléaire… Les décisions politiques rythment notre vision du secteur, comme si elles en étaient le principal facteur d’évolution.

Et pourtant, des forces plus puissantes sont à l’œuvre. L’industrie de l’énergie solaire photovoltaïque est en pleine révolution. Les décisions politiques ne sont que l’écume d’une lame de fond.

Jusqu’en 2011, les panneaux solaires photovoltaïques étaient un moyen commode pour capter des subventions publiques en Europe occidentale et en Amérique du Nord. Des incitations économiques massives étaient nécessaires pour viabiliser la production solaire.

Trois ans plus tard, en 2014, la donne a complètement changé. Sans subventions, l’énergie solaire photovoltaïque est moins chère que les autres sources d’électricité pour plus de 4 milliards de personnes dans le monde (c’est ce qu’on appelle la « parité réseau »).

Ce changement radical a été rendu possible par une baisse drastique du coût des panneaux solaires. En 2011 et 2012, la demande de panneaux était au point mort, les pays européens ayant largement réduit leurs subventions. Au même moment, la production de panneaux augmentait massivement, en particulier en Chine. L’impact de ce déséquilibre a été brutal. Le prix du panneau, qui se situait autour de 4 dollars par watt en 2010, est tombé à 0,50 dollar par watt. En parallèle, les coûts d’installation des centrales photovoltaïques se sont écroulés, suivis plus tard par les coûts de financement, grâce à la forte demande d’investisseurs en quête frénétique d’actifs de rendement.

Au final, le coût moyen de l’électricité solaire photovoltaïque non subventionnée dans les régions ensoleillées a diminué de plus de 75 %. Produire de l’électricité à partir de panneaux solaires est maintenant 60 % moins cher qu’utiliser du diesel, 50 % moins cher que de brûler du pétrole et se compare favorablement au gaz naturel raffiné.

En résumé, les panneaux solaires sont devenus très rapidement un moyen compétitif de produire de l’électricité pour la majorité des consommateurs de la planète, et cela n’est pas près de changer.

Les installations photovoltaïques annuelles ont ainsi bondi de près de 60 % entre 2012 et 2014 au niveau mondial. Mais, malgré cette hausse, le solaire ne représente encore qu’à peine 1 % des capacités globales de production d’électricité mondiale (l’éolien pèse environ 2 %). Le potentiel de développement est donc immense. Nous pensons qu’il est largement sous-estimé par les décideurs et par les investisseurs financiers. La croissance continue d’accélérer : 36 gigawatts (GW) de nouvelles capacités solaires en 2013, 45 GW attendus en 2014, 57 GW en 2015, et au moins 70 GW par an entre 2016 et 2020. Et dans un tel scénario de croissance, ambitieux, mais qui nous semble raisonnable, encore seulement 5 % de l’électricité globale générée dans dix ans serait solaire. D’autant plus que, si le stockage d’électricité venait à se développer, cela favoriserait encore plus le photovoltaïque.

 

Les acteurs du secteur de l’énergie vont être davantage impactés qu’on ne le croit et les opportunités de création de valeur abondent. Les géants de demain sont encore inconnus et des empires restent à bâtir.